Danton Le mythe et l’Histoire by Michel Biard et Hervé Leuwers

Auteur:Michel Biard et Hervé Leuwers [Leuwers, Michel Biard et Hervé]
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 9782200615277
Éditeur: Armand Colin
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00

Une offensive qui fait long feu

Le 11 frimaire an II (1er décembre), Danton, visant les hébertistes en mission, dénonce « tout homme qui se fait ultra révolu­tionnaire » et obtient des « résultats aussi dangereux que pourrait le faire le contre−révolutionnaire décidé », tout en défendant la centralité législative : « Faisons seuls la loi, et que nul nous la donne. » Il suggère que la répression laisse à désirer, pour détourner l’attention portée sur ses amis et montrer d’autres cibles : « Je ne demande point le ralentissement des mesures révolutionnaires, mais je me propose d’en présenter qui frapperont et plus fort et plus juste ; car, dans la république, il y a un tas d’intrigants et de véritables conspirateurs qui ont échappé au bras national, qui en a atteint de moins coupables qu’eux. » Mis en difficulté deux jours plus tard aux Jacobins, Danton demande la formation d’une commission pour examiner les accusations contre lui, afin qu’il puisse y répondre ; Robespierre le soutient, mais déplore sa complaisance à l’égard de Dumouriez et Brissot. Cette séance montre les limites de l’alliance avec Robespierre, disposé à lutter avec Danton contre l’hébertisme, non à mettre fin au gouvernement révolutionnaire dont les pouvoirs sont constitutionalisés par la loi du 14 frimaire.

Desmoulins publie le n° 1 du Vieux Cordelier le 5 décembre, avec un exergue audacieux emprunté à Machiavel : « Dès que ceux qui nous gouvernent seront haïs, leurs concurrents ne tarderont pas à être admirés. » Il accuse les ultrarévolutionnaires d’être à la solde du premier ministre anglais, Pitt, et défend la liberté de la presse, tout en clamant sa fidélité à Robespierre ; Merlin de Thionville demande la permission pour tous les députés de communiquer avec Basire et Chabot détenus. Deux jours plus tard, Thuriot obtient un plus grand contrôle de la traque des suspects par les comités. Le 10, Bourdon de l’Oise demande le renouvellement des comités et Desmoulins affirme que les menées hébertistes contre la religion fournissent des recrues à la Vendée. Il demande aussi, comme Danton, la Constitution et des élections. Le 17, Fabre fait arrêter les hébertistes Vincent, secrétaire général du ministre de la Guerre, et Maillard, figure du mouvement populaire. La convergence de ces attaques semble montrer l’existence d’un groupe indulgent lié par des vues politiques, sinon des ambitions compatibles.

Si ces Indulgents pensent éveiller l’opinion en leur faveur, Desmoulins, discuté aux Jacobins le 14 décembre, ne peut plus se flatter d’un soutien inconditionnel de Robespierre qui lui concède une défense ambiguë, regrettant ses liens avec Mirabeau et exigeant la rupture de tout « pacte » avec l’aristocratie. Le n° 3 du Vieux Cordelier du 15 décembre se défend du modérantisme en dénonçant la stratégie belliciste des Girondins qui a coûté « le sang d’un million d’hommes », comme si le choix du régicide n’était d’aucune part dans l’extension de la guerre à toute l’Europe, assurant que « pour rendre la France républicaine, heureuse et florissante, il eût suffi d’un peu d’encre et d’une seule guillotine ».

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